Ce lundi, le braconneur récidiviste a été condamné par le tribunal judiciaire de Toulon à 6 mois de prison avec sursis, échappant à la prison ferme à cause de son âge, pour destruction volontaire de différentes espèces protégées d’oiseaux. Le fait de ne pas respecter ces mesures de protection peut être puni de 3 ans d'emprisonnement et de 150 000 € d'amende.
Deux inspecteurs de l’Office français de la biodiversité l’ont pris en flagrant délit de chasse avec des pièges prohibés par la réglementation (avec des aludes) et un magnétophone en train d’attirer des grives. Les inspecteurs ont ensuite perquisitionné son domicile et constaté qu’il était en possession de près de 300 oiseaux de différentes espèces protégées. Les spécimens ont été retrouvés morts, déplumés et congelés dans des barquettes étiquetées de la date de leur capture. De nombreux rouges-gorges, fauvettes à tête noire, rougequeues, mésanges bleues, etc. ont été décomptés. Il s’est justifié en indiquant qu’il pratiquait ce braconnage pour son plaisir et celui de ses amis en organisant des repas de dizaines de brochettes plusieurs fois par an. Il est estimé que plus de 1 000 oiseaux étaient ainsi tués chaque année pour ses agapes. Fait aggravant, il a également tenté de soudoyer les inspecteurs pour qu’ils ne rédigent pas leur procès verbal afin de conserver son permis de chasse.
Le rouge gorge est un petit oiseau de 13cm environ pour un poids de 15 à 22g. Les adultes sont facilement reconnaissables par la couleur rouge-orangée du plumage de sa poitrine jusqu’à son front. Il vit en Europe où il migre du Nord vers le Sud en hiver. Très peu farouche, vous l’observerez facilement dans les jardins de la presqu’ile et dans les zones boisées naturelles ainsi que les haies. Il se nourrit d’insectes, d’araignées, de larves et de petits invertébrés comme le vers de terre. Chez nous il consomme également des petits fruits tels que des baies d’ifs ou de genévriers.
Ce chasseur récidiviste avait déjà été condamné en 2017 à une simple amende de 200 € qui visiblement n’avait pas été dissuasive. Aussi cette fois-ci, le tribunal a décidé d’être plus sévère.
Le braconneur a été interdit de chasse pendant 3 ans et condamné à 2 000 € d’amende et à un total de 14 000 € de dommages et intérêts à verser aux 7 parties civiles représentant des associations de défense des animaux et de l’environnement1. L’UDVN-FNE83 était partie civile à ce procès et représentée par le président de l’APE. Le tribunal a d’ailleurs suivi la demande de FNE et de l’UDVN-FNE83 et a condamné le braconneur à faire publier à ses frais le jugement par communiqué dans la revue « Le chasseur français » ainsi que sur le site internet chassepassion.net pendant deux mois. Le tribunal a également décidé qu’il ne devait plus être en possession d’armes pendant 3 ans dont certaines, saisies par les inspecteurs de l’OFB et sous scellées, seront confisquées.
Les passereaux, dont les rouges-gorges, ont longtemps été traditionnellement servis en brochettes dans le Var. Les chasseurs les attrapaient à l’aide de pièges ou en pratiquant la chasse à la glu ou avec des filets. Compte-tenu de la décroissance des populations d’oiseaux observée depuis des années jusqu’à la disparition de certaines espèces en Provence, ces chasses dites traditionnelles sont strictement interdites depuis 2009 en Europe et depuis 2020 dans tous les départements français. La destruction de leurs habitats, la sécheresse et la chasse sont les principales causes de leur disparition progressive.
Il est inadmissible de tuer des oiseaux en voie d’extinction et protégés par la loi pour le plaisir de les manger alors que la biodiversité est en régression, en particulier celle de la faune aviaire, et alors que diverses actions de conservation sont mises en place au niveau européen précisément pour enrayer cette érosion de la biodiversité.
Ces destructions au profit du plaisir de quelques uns ont également pour conséquence de priver tous les amoureux de la nature du plaisir de voir et d’entendre le chant de ces boules de plumes, sans oublier la privation de ce plaisir pour nos enfants et les générations futures !
1France Nature Environnement (FNE), Union Départementale du Var pour la sauvegarde de la Vie et de la Nature (UDVN-FNE83), Ligue de protection des oiseaux (LPO), Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), One Voice, Fondation Brigitte Bardot, Association Stéphane Lamart.
Pour en savoir plus sur la protection des oiseaux
- Directive 2009/147/ce du parlement européen et du conseil du 30 novembre 2009 concernant la conservation des oiseaux sauvages. Les espèces d’oiseaux vivant naturellement à l’état sauvage sur le territoire européen des États membres sont en grande partie des espèces migratrices. De telles espèces constituent un patrimoine commun et la protection efficace des oiseaux est un problème d’environnement typiquement transfrontalier qui implique des responsabilités communes.
- Quelles sont les espèces animales protégées ?