L'abattage illégal d'animaux d’espèces protégées est un problème mondial très souvent mal documenté. Aussi, la fréquence et les conséquences écologiques de ces braconnages sont souvent sous-estimées, voire totalement inconnues dans certaines régions et/ou pour certaines espèces animales.
Selon une étude récente, la majorité des actes de chasse illégale d'espèces protégées d’oiseaux serait l'œuvre d'une minorité d'irresponsables mais aux implications directes sur la décroissance des populations de ces espèces souvent considérées en danger de disparition par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). A partir des cadavres d’oiseaux trouvés dont la cause de décès est identifiable, cette étude montre que plus de 30 % du total de ces oiseaux abattus appartiennent à des espèces protégées.
Evidemment, nous ne voyons que la partie émergée de l’iceberg puisque les oiseaux prélevés pour être mangés ou élevés comme oiseaux de chant ne peuvent être décomptés dans ces études, sous-estimant donc l’impact de ces pratiques sur les populations naturelles.
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur abrite une biodiversité exceptionnelle avec une diversité aviaire très importante. Ce sont 245 espèces d’oiseaux qui nichent sur son territoire, soit 85% des espèces nicheuses de France métropolitaine. Cependant les recensements des populations aviaires de la région montrent une situation particulièrement inquiétante et ont révélé que plus d’un tiers des oiseaux nicheurs étaient menacés de disparition sur le territoire.
Ainsi, si 12% des espèces d’oiseaux sont menacées au niveau mondial, c’est plus du double au niveau national et près du triple au niveau de la région avec 35% d’espèces menacées. Plus précisément, parmi les espèces recensées dans la région, 5 espèces sont considérées comme disparues dont deux à l’échelle nationale, 13 espèces sont considérées comme en « danger critique », 23 espèces «en danger» et 46 espèces «vulnérables» selon la Liste rouge des oiseaux nicheurs en Provence-Alpes-Côte d’Azur publiée par l’UICN.
Concernant plus particulièrement les passereaux, la région recense près de 112 espèces différentes mais 2 espèces sont considérées comme disparues de la région, 3 espèces en danger critique, 5 espèces en danger et 18 espèces vulnérables.
Le déclin des effectifs de ces espèces dans notre région, s’explique à la fois par un mouvement global de déclin à l’échelle nationale, mais aussi au fait que la région abrite des espèces particulièrement sensibles aux changements de leurs habitats ou de leurs sites de reproduction.
Régulièrement, dans notre région des inspecteurs de l’environnement interpellent des personnes, en flagrant délit de capture d’espèces protégées à l’aide de pièges prohibés par la réglementation ou en possession de ces espèces d’oiseaux en cage. Ces faits portent donc directement atteinte aux objets statutaires de FNE PACA et de l’UDVN-FNE 83 qui aspirent à protéger la biodiversité, en particulier les espèces protégées, ainsi que les équilibres fondamentaux de la biosphère. En effet, le fait de procéder régulièrement à des actes de chasse, sans aucun permis ni autorisation est inadmissible lorsqu’on connaît l’urgence à enrayer le déclin de la biodiversité aujourd’hui. C’est pourquoi les deux associations réunissant les conditions requises par l’article L. 142-2 du code de l’environnement se constituent parties civiles lors des procédures judiciaires relatives à ces braconnages irresponsables.
Une espèce animale protégée est une espèce sauvage qui fait l'objet de mesures de conservation. En France, les espèces protégées sont listées par arrêtés ministériels.
Les actions suivantes sont interdites :
- Détruire ou enlever les œufs ou les nids des animaux de ces espèces
- Mutiler ces animaux, les tuer ou les capturer
- Perturber intentionnellement ces animaux dans leur milieu naturel
- Les naturaliser
- Transporter, colporter, utiliser, détenir des animaux de ces espèces
- Mettre en vente, vendre ou acheter des animaux
Il est également interdit de détruire, de modifier ou de dégrader les habitats naturels de ces espèces.
Il est ainsi par exemple interdit de capturer, détenir, tuer les hérissons, les écureuils, les castors, les loutres, les loups, les lynx, les ours, les vipères aspic, les salamandres noires.
Le fait de ne pas respecter ces mesures de protection est puni de 3 ans d'emprisonnement et de 150 000 € d'amende.
Pour en savoir plus
- Arrêté du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection
- Liste rouge nationale : le déclin des oiseaux nicheurs se poursuit en france– Liste rouge des espèces menacées en France – Oiseaux nicheurs de France métropolitaine, UICN et MNHM, 2016
- Liste rouge régionale des oiseaux nicheurs, de passage et hivernants de Provence-Alpes-Côte d’Azur, LPO PACA et CEN PACA, 2020